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Le général Antonio Lopez de Santa Anna

Publié le par Olivier Millet

Le général Antonio Lopez de Santa Anna

Parmi les nombreux leaders qui ont émaillé le paysage politique mexicain du début du 19ème siècle il en est un qui sort incontestablement du lot par les sentiments exacerbés qu'il a suscités tout au long de sa carrière politico-militaire. Cet homme est le général Antonio Lopez de Santa Anna.


Natif de la région de Vera Cruz en 1794, à Jalapa, Santa Anna débuta sa carrière militaire comme cadet dans un régiment d'infanterie à l'age de 16 ans. Son baptême du feu intervint dans la campagne menée par les Espagnols contre les Indiens Chichimèques où il fut blessé au bras en 1811.
Nommé sous-lieutenant pour sa bravoure au combat en 1812, il s'oriente par le biais de connaissances politiques à Vera Cruz dans la formation des unités militaires de Vera Cruz vers 1815. Il s'illustre contre des insurgés autonomistes locaux et est nommé capitaine en 1817. Depuis 1810/1811, le pays était animé par un soulèvement indépendantiste visant à chasser le gouvernement espagnol du Mexique et à obtenir l'indépendance. Mais malgré des succès initiaux les insurgés sont écrasés à la bataille du pont de Calderon en janvier 1811 et dès lors la lutte armée prendra le visage d'une guérilla plus ou moins active.
En 1818 il est contacté par un leader de la cause indépendantiste mexicaine, Don Guadalupe Victoria, afin de les rejoindre dans leur combat. Santa Anna répond par une mesure visant à déliter le mouvement indépendantiste en permettant aux insurgés qui le souhaiteraient de déposer les armes en échange de terre. Mais la situation change et en 1821, les leaders indépendantistes, renforcés par la conjoncture espagnole en Europe, obtiennent du vice-roi un traité (traité de Corduba) ouvrant la voie à l'indépendance du Mexique. Santa Anna adhère dès lors à la cause indépendantiste et se retourne contre les forces loyalistes qu'il défait plusieurs fois.


Nommé général de brigade par le nouvel empereur constitutionnel mexicain, Iturbide, il demeure insatisfait et refuse d’obéir aux ordres du leader du Mexique l'enjoignant de s'en prendre au leader indépendantiste local, Guadalupe Victoria, que Santa Anna connaît bien. En plus de son refus d'obéissance, Santa Anna conclut un accord avec Victoria soutenant la cause d'une république mexicaine. Les Espagnols de leur côté tentent une dernière fois de reconquérir le Mexique mais sont repoussés par Santa Anna en 1829. Dès lors il est perçu comme un héros national au Mexique, le sauveur de l'indépendance.
Leader militaire, il fut aussi un leader politique : de 1833 à 1855, il fut onze fois président du Mexique démontrant ainsi la très grande instabilité gouvernementale qui régnait alors, les coups d'état succèdant aux coups d'état.


Son premier mandat, il l'exerça par intérim en 1833, succédant au président Farias, mais ses mesures anti-cléricales et contre certaines classes privilégiées du pays déclenchèrent des révoltes. Il quitta le pouvoir en juin 1833 pour rejoindre l'armée pour parer à la menace que faisait peser les révoltés texans sur la souveraineté du Mexique sur la province du Texas. en 1836 à la tête de 6000 hommes il entreprend de reconquérir les territoires perdus aux insurgés. Il se heurte à l'avant-poste de Fort Alamo le 23 février et après un siège de 13 jours il écrase les révoltés mais perd presque 600 hommes et ne réussit pas à capturer les leaders texans. Il se lance maladroitement à la poursuite de l'armée texane, divisant ses forces et épuisant ses hommes. Le 22 avril 1836 à San Jacinto sa petite armée est écrasée en 18 minutes par l'armée texane de Sam Houston et il est forcé de conclure un traité accordant l'indépendance au Texas. Ce traité ne sera pas reconnu par le gouvernement mexicain et Santa Anna fut désavoué.


Revenu à Vera Cruz il est une nouvelle fois appelé à combattre, cette fois contre les Français qui sont intervenus pour une banale histoire de recouvrement de dettes. La "guerre des pâtisseries" montrera aux Mexicains leur vulnérabilité face à une flotte de guerre. Mais les quelques combats qui tournèrent à l'avantage des Français, permirent à Santa Anna de passer une nouvelle fois pour un héros, mais un héros diminué car il perdit une jambe dans la bataille. Encore une fois il se hissa à la place de président et encore une fois il mit en place des mesures très impopulaires, des taxes qui touchaient toutes les classes sociales déclenchant un mouvement de révolte, des régions refusant de répondre aux ordres du gouvernement et allant même jusqu’à se déclarer indépendantes. Santa Anna dut encore une fois abandonner le pouvoir et s'enfuir. Mal lui en pris car il fut capturé par des indigènes cannibales de la régions de Xico et aurait subit un sort terrible s'il n'avait été sauvé par des soldats mexicains.


Puis ce fut la guerre avec les États-Unis. Santa Anna, réfugié à cuba, négocia avec les représentants du gouvernement américain pour revenir au Mexique en promettant d’accéder à leur demande sur le Nouveau-Mexique et la Californie une fois en place dans le siège du président. Avec un sauf conduit, il traversa le blocus naval américain et s'empara une nouvelle fois du pouvoir. Mais une fois en place il ne tint aucune des promesses qu'il avait faites aux Américains et les combattit farouchement mais sans jamais pouvoir les vaincre. Avant la défaite finale de son pays il s’exila en Colombie avant d'être rappelé au Mexique pour exercer une nouvelle fois la fonction de président.
Encore une fois il se montra incapable de gérer le pays autrement qu'en entretenant une atmosphère de corruption pour s'assurer la loyauté des hommes d'influence. Il s’enrichit aux dépens de l'état, cédant une portion supplémentaire du Mexique aux Américains et versa dans le délire en se faisant nommer président à vie avec le titre pompeux d'Altesse sérénissime. En 1855 il doit s'exiler une dernière fois devant le mécontentement général. Il part en Colombie et tous ses biens au Mexique sont confisqués et vendus après un jugement par contumace où sa corruption éclate au grand jour. En 1874 une loi d'amnistie lui permet de rentrer au Mexique et il y meurt en 1876 dans un état de pauvreté patent.

Ainsi s'acheva la carrière du Napoléon de l'Ouest. Militaire infatigable il a participé, souvent en première ligne, à un grand nombre de combats. Aimant un peu trop la pompe et la grandiloquence il restera dans l'histoire comme un dictateur général caricatural. Mais il ne faut pas oublier qu'il fut à maintes reprises le glaive de la lutte pour l'indépendance puis la sauvegarde de la souveraineté mexicaine, un patriote plus haï qu'aimé mais qui a indéniablement marqué l'histoire de son pays.

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Q
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